Et voilà une pharmacie dans ma zone commerciale de périphérie.

Et voilà maintenant une pharmacie. C’est à se demander quand se terminera l’agrandissement de cette zone commerciale. Si vous habitez une commune « périurbaine » vous voyez surement de quoi je veux parler. Composées, au départ et le plus souvent, d’un supermarché, elles finissent par proposer du matériel de bricolage, des aliments pour animaux et puis maintenant, des médicaments. C’est toute la société de consommation qui se retrouve disponible à quelques minutes en voiture de son lieu d’habitation.

C’est en effet là que se pose le premier problème. Si les municipalités peuvent mettre en place des politiques de transport public pour y transporter les habitants (et notamment les personnes âgées qui ont une mobilité plus réduite), les zones commerciales de périphérie urbaine dépendent du véhicule individuel. Les parkings immenses, dimensionnés pour le dernier samedi avant noël, témoignent de cette dépendance à la voiture. Or à l’heure d’une crise écologique sans précédent, il est nécessaire de repenser complètement nos façons de se déplacer en limitant autant que possible l’utilisation d’énergie fossile et carbonée. Alors qu’aménager le territoire devrait être « prévoir » et « planifier » nos besoins et nos handicaps futurs, l’aménagement de l’entrée de « ma ville » apparaît donc en total anachronisme.

En plus d’être dépendante de la voiture pour son fonctionnement, la zone commerciale de périphérie entraine aussi une mort lente et douloureuse du centre ville ancien. Alors qu’il y a à peine dix ans, tous les produits de première nécessité y étaient disponibles, nous n’y trouvons aujourd’hui que des banques et des activités de services pas encore « délocalisées ». Seules les boulangeries semblent y résister. C’est encore une fois un non sens écologique que d’avoir laisser faire ça. Nous le savons, la lutte contre l’étalement urbain, grand consommateur d’espace, ne peut se faire que par une politique volontariste de densification des centres villes. Il faut en effet rendre cette densification attractive à des individus qui pourrait se « payer le luxe » d’un pavillon sur le territoire de la commune,  par une offre de biens et services à proximité du lieu d’habitation.

Il ne faut pas non plus oublier la dimension esthétique d’un projet urbain. Les entrées de ville sont primordiale pour donner une bonne impression au visiteur or avec ces grands hangars commerciaux c’est l’inverse qui se produit. Cette banalisation d’un paysage unique est dommageable car elle détruit tout particularisme local. De la même manière, le commerce de proximité apparaît plus enclin à fournir une compétence artisanale et faire perpétuer un savoir faire local qu’une société commerciale franchisée offrant des produits de masse, industriels standardisés. La dimension paysagère ne doit pas être une préoccupation secondaire car elle contribue au « bien être urbain » des populations.

Comme le lotissement pavillonnaire, les supermarchés de périphérie symbolisent l’étalement urbain. Pour ces deux éléments il est nécessaire de réfléchir à une façon de modifier les comportements des individus et des élus qui autorisent sur leur territoire ce type de construction. La motivation première qui pousse les élus municipaux à « saccager » volontairement l’entrée de leur commune est la source de revenus qu’ils peuvent en tirer. Si la droite a supprimé la taxe professionnelle, elle l’a remplacée en 2010 par la contribution économique territoriale qui a la même fonction : remplir les caisses des municipalités abandonnées par un Etat obsédé par la réduction des dépenses publiques.

Une politique urbaine véritablement écologique ne peut se faire qu’en aménageant nos villes par des formes urbaines compactes et proches des habitants. De toute évidence il est préférable de favoriser la mixité de fonction : par exemple en développant des quartiers qui en plus de fournir de l’habitat fournissent de l’activité commerciale, artisanale et de service. La spécialisation fonctionnelle des différentes zones, entre les quartiers pavillonnaires « dortoirs » et les zones commerciales de périphérie, n’est pas viable à long terme et il est urgent d’agir. De la même façon, en mettant au centre de l’aménagement du territoire la réponse aux besoins et aux désirs des femmes et des hommes sur leur lieu d’habitation, on agit pour préserver la planète. L’enjeu de la planification écologique passe par une sortie des logiques du marché, celui-ci favorisant la concentration des implantations (dans une logique de diminution des couts) et l’artificialisation des sols au détriment de la planète.