Faire de la politique pour favoriser l’implication populaire

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Alors qu’elles devraient être le cœur même du peuple, les classes populaires sont souvent les plus éloignées du système politique traditionnel « représentatif ». Cette situation se vérifie notamment par les taux d’abstention toujours plus important à chaque élection où seule l’élection présidentielle semble échapper. Or celle-ci, par sa personnalisation effrénée, tant à limiter la politisation des enjeux économiques et sociaux pour des considérations de personnes, pour des postures voire des sentiments. Les élections législatives, d’avantages portées sur des éléments programmatiques, subissent pour leurs parts des taux d’abstention catastrophiques dépassant souvent 50% dans les quartiers populaires. Cette abstention témoigne et accompagne un sentiment profond de déclassement et d’exclusion des classes populaires qui, fuyant un débat qu’elles on peur de ne pas maitriser, préfèrent affirmer qu’elles « ne font pas de politique ».

Mais contrairement à ces affirmations qui témoignent d’un profond manque de confiance en ses capacités d’actions, la classe populaire a toujours été, et reste encore aujourd’hui, une classe profondément politisée qui comprend ses intérêts de classe (sans forcément trouver les moyens de les défendre). Cette conscience de classe s’exprime par les résultats électoraux des quartiers populaires votant principalement, poussée par la raison de leurs intérêts, pour la gauche, toutes orientations confondues (environ 75% en « cumulé » à l’élection présidentielle dans les quartiers populaires). Elle s’exprime également par le bouillonnement associatif et communautaire (à ne pas confondre avec « communautariste ») dans des domaines divers et variés. Cette conscience de classe s’exprime, mais s’exprime donc hors des cadres politiques traditionnels tels que les mouvements sociaux, l’adhésion à un parti politique voire même hors de la participation électorale via le vote.

Or si les classes populaires se trouvent si loin des formes de participation politique cela s’explique, en partie, par l’énergie développée par l’oligarchie pour éloigner le peuple des instances de décision. Le premier obstacle à franchir est celui de la technicité du discours qui empêche le « profane » de s’exprimer car il se trouve dans la crainte de ne pas comprendre l’ensemble des enjeux qui lui sont soumis. Cette technicité apparente du discours accompagne la professionnalisation de la vie politique, avec des élus « professionnels » qui défendent leurs positions et leurs « intérêts corporatistes » en verrouillant et en bloquant l’émergence de voix nouvelles. L’émergence est d’autant plus difficile pour les individus issus de classe populaire qui ne partagent pas le « langage politique » qu’il est possible d’acquérir dans les « canaux traditionnels » de la carrière politique qu’ils soient « scolaires » (Instituts d’étude politique, universités, etc.) ou « organisationnels » (comme le « syndicalisme étudiant »).

La 6ème République que nous appelons de nos vœux remettra au centre du système de décision politique les classes populaires. Mais en attendant la prise du pouvoir par le peuple, nous devons militer contre le cumul des mandats (en nombre mais aussi dans le temps) pour décloisonner les potentiels politiques mais également faire un travail particulier d’éducation populaire. Ce travail doit s’appuyer sur deux mécanismes : fournir aux citoyens une grille de lecture politique claire et dépolluée du discours dominant, qu’ils pourront s’approprier et transmettre ; et former les militants politiques à la simplification et à l’explication des écrits. Faire de l’éducation populaire c’est rendre accessible l’information « à tous » pour que chacun puisse former sa conscience à la décision politique. Il ne s’agit pas de mépriser l’intelligence collective du peuple mais de sortir d’une logique de discours à destination des « bac +5 ».

Favoriser l’implication populaire c’est aussi faire de la politique, c’est à dire donner à voir les oppositions entre les idéologies. Les alternances sans fin et qui ne changent rien, entre l’UMP et le PS, donnent du grain à moudre au discours ambiant de l’impuissance politique et légitiment finalement les positions abstentionnistes (« à quoi ça sert de voter si c’est pour qu’ils fassent la même chose ? »). Faire de la politique c’est montrer qu’il est possible de faire autrement que ce qui est mis en place par l’oligarchie. Cela demande une rigueur sans faille dans la démonstration de nos propositions (le contre-budget du Parti de Gauche présenté à la fin de l’année 2012 relève de cette logique) et une implication des travailleurs. Nous ne sortirons pas de l’impasse écologique vers laquelle le capitalisme nous pousses si nous ne nous appuyons pas sur la richesse des expériences des ouvriers, employés et cadres des entreprises privés comme publiques, et sans réhabiliter le temps long de la décision. C’est en cela que l’implication politique de tous est une nécessité.